Internet surveillance et manipulation

Internet est devenu un vecteur d’information incontournable qui s’adresse aussi bien au grand public qu’à des acteurs en recherche d’éléments très spécifiques. Quelques grandes entreprises se partagent les moteurs d’accès aux données, les réseaux de diffusion d’actualité et publicitaires.

baromètre moteurs de recherche 2010
Source barometre moteurs 2010. Données issues du baromètre des moteurs d’AT Internet Institue (ex Xiti Monitor) sont banalement les mêmes que ces derniers mois, voir même de ces dernières années.
Internet sollicite donc à juste titre des appétits mais également une méfiance d’ordre politique et économique.

La maîtrise de l’information a toujours été  enjeu déterminant pour les nations et les acteurs économiques. Les sociétés de conseils en intelligence économique et de référencement poussent comme des champions et n’en sont pourtant que l’un des reflets visibles.

Dans cet article, deux axes de réflexion distincts vont être abordé : L’indexation et la diffusion de l’information sur Internet par les moteurs de recherche et les risques d’échanges d’informations sensibles pouvant être exploitées par un tiers.

 

Un constat

Données publiées et données restituées

Les moteurs de recherches actuels sont simples, rapides et riches de résultats. En revanche, ils ne sont pas exhaustifs (web invisible), il y a donc filtrage puis tri de l’information par ces moteurs, ce n’est pas parce que l’on publie une information qu’elle est référencée.
D’autre part, il est tellement aisé de diffuser de l’information, qu’un grand volume de donnée vient enrichir chaque jour la toile numérique. Contrairement au travail journalistique, les moteurs indexent puis restituent l’information sans pour autant la contrôler.
En substance, parmi les données publiées certaines ne sont pas accessibles, celles qui le sont la donnée présente est parfois incorrecte, toujours  filtrée et triée.
Une idée reçue à écarter est que la véracité d’une information est proportionnelle aux sources des données qui la confirment. Ce n’est pas parce qu’une quantité importante d’information corrobore un fait supposé qu’elle en garantie la véracité. Sur ce point Gandhi disait de l’erreur « qu’elle ne devient pas vérité parce qu’elle se propage ». Il est d’ailleurs aisé aujourd’hui de « fabriquer » une fausse information et de la publier rapidement en vue d’inonder les circuits de diffusion qui ne la contrôle pas systématiquement.
L’information issue d’Internet est donc à prendre avec du recul, car contrairement aux médias de références, les règles déontologies visant à vérifier l’information avant de la publier ne sont pas systématiquement appliquées.
A l’inverse, le web peut être considéré comme un véritable espace de liberté, où de l’information jusqu’alors censurée peut circuler librement, ou presque.

 

Pourquoi les moteurs de recherche sont ils devenus des enjeux stratégiques ?

Internet est devenu un outil central pour la recherches de l’information, les moteurs de recherche déterminent quelle information afficher et dans quel ordre la faire apparaître. Partant du principe qu’une Internaute ne se limite qu’au trois premières page de résultat affichés, il ressort que l’ordre d’affichage est donc un critère majeure de visibilité. Cette règle d’affichage dépend d’algorithmes sophistiqués tenus secrets qui prennent en compte des critères géographiques déduits de l’adresse IP, de langue et de contenu.
Les moteurs de recherche ont donc le pouvoir énorme de déterminer quelle information afficher. Ils peuvent faire le chaud et le froid sur la toile en déterminant à l’avance l’information à diffuser en réponse à des mots clés saisis. Cette orientation vers un résultat pourrait se faire de façon ciblée selon des critères de lieu (zone sensibles ou en conflit), la rendant non palpable aux yeux du reste du monde.
Chacun appréciera le potentiel  politique et économique de ces outils sur la population et les entreprises en cas de crise ou de situation fortement concurrentiel.

Le positionnement : un levier économique important

Le pagerank mis en place par de nombreux moteurs de recherche quantifie la pertinence de pages Internet en réponse à des mots clés utilisés.
Il conditionne l’ordre d’apparition des pages dans les résultats de la recherche. Une page située dans les trois ou quatrième page de résultat n’est que rarement consultée. Le positionnement représente donc une manne financière non négligeable. En théorie, il devrait être possible, même localement, d’évincer ou au contraire de mettre en avant une information en faveur d’une cause économique ou politique.
Dire que les méthodes dirigistes jusqu’alors réservée aux médias classiques sont désormais appliquées aux médias numériques n’est pas suffisant. En effet, le contrôle ne se fait plus seulement sur le contenu, mais aussi sur les vecteurs de diffusion de ce contenu.

Accès aux données et risque politique

A des fins politiques de nombreux pays opèrent au filtrage voire à la censure de l’information et parmi eux : L’Arabie Saoudite, La Birmanie, La Chine, Les Émirats Arabes Unis, L’Éthiopie, L’Iran, Le Maroc, Le Pakistan, La Syrie…
Ce constat est vérifiable de chez vous via des outils en ligne qui simulent la géolocalisation de l’internaute comme « linkwan trace routeurs  (ici simulant une position à Shanghai). Puis tentez d’accéder à des sites sensibles, une liste est visibles ici
Combien de sites Internet ont été victime du Great Firewall chinois ?

 

Le Google Bombing

Il est très peut probablement que les moteurs de recherche occidentaux manipulent l’information, et cela est difficile à démontrer.
En revanche, il arrive que les algorithmes sur lesquels ils s’appuie soient victimes de méthodes bien moins vertueuses et dont l’objectif est d’orienter à partir de mots clés l’internautes vers des résultats voulus : Le « Google Bombing »
Elle consiste à ce que de nombreux liens soient créés par des personnes différentes associant une personne, un lieu ou une pratique à des mots clés péjoratifs. Plusieurs personnalités ont déjà fait les frais de cette pratique. Le président Bush par exemple en a été victime à la fin de l’année 2003, par des opposants à la guerre en Irak. Lorsque l’on saisi encore aujourd’hui dans Google l’expression "Miserable failure", qui signifie en anglais "Echec misérable", arrive en tête de résultat la page du site de la Maison Blanche, avec la biographie du président !

Qu’en est il réellement ?

Il est difficile de faire la part de chose, tant elles sont complexes à vérifier. Il semble malgré tout, que les bases de filtrages et l’ordonnancement, bien qu’imparfaites, répondent à des critères avant tout qualitatifs. Faites le test vous-même : Choisissez des mots clés et visitez les pages situées en têtes de la première par et celles situées beaucoup plus loin. Vous remarquerez très probablement que les premières pages disposent d’un contenu généralement de meilleure qualité.

Le fait qu’existent plus moteurs d’origines différentes est le modeste gage que toutes l’information n’est pas « traitée » de la même façon par les moteurs.

Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que :

  1. Les principaux moteurs de recherches sont américains.
  2. L’esprit patriotique américain a toujours cherché à privilégier les entreprises américaines dans un cadre compétitif international.
  1. Il n’existe pas de gardes fous indépendants réglementant ces moteurs.
  2. Les principaux réseaux publicitaires sont détenus par ces moteurs (adsense/adword)
  3. Les principaux canaux d’information sont détenus par ces moteurs (google actualités)

Les USA sont sur le point de remporter la bataille de l’information mondiale en développant par le biais de leurs entreprises se développant sur les axes les plus juteux du Web. Dire qu’Internet est manipulé par ces moteurs est sans doute exagéré, dire qu’il pourrait l’être est une certitude.

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