Le projet Joint Strike Fighter F35 pour « tuer l’industrie européenne d’aviation de combat et ces divisions civiles »

L’IE, une stratégie géo-économique, visant à tuer la concurrence.

Le déficit de volonté politique n’explique qu’en partie l’absence de progrès sur la défense européenne. Ainsi, un peu plus d’un an après le Royaume-Uni, trois pays européens (Pays-Bas, Italie, Danemark) viennent de rejoindre le programme américain d’avion de combat Joint Strike Fighter (JSF-F35) prévu pour durer au moins jusqu’en 2030-2040 et qui a vocation, selon ses concepteurs, à équiper toutes les forces aériennes alliées. Il s’agit d’un engagement en R&D, avec perspective de commandes d’avions à partir de 2005-2007 (livraisons entre 2010-2015).

L’investissement consenti par ces quatre pays de l’Union est de 5 milliards de dollars, soit près de 50% du budget annuel de recherche et développement militaire européen. C’est également un coût proche du programme complet de recherche et de développement d’un avion de combat européen type Rafale air (R&D). Pas un euro n’est actuellement investi dans un futur programme d’avion de combat européen…

L’avion de combat aujourd’hui est une véritable « cathédrale de technologie ». Il fait la synthèse d’une somme sans équivalent d’excellence scientifique et se trouve au carrefour d’une série complète de domaines-clefs de la maîtrise technologique et de l’intégration des systèmes. Extrêmement visible sur le plan de la symbolique politique et stratégique, il représente sur le plan international le gage d’une présence incontestée dans les grands enjeux stratégiques, que ce soit via les marchés généralement captifs de l’industrie militaire américaine, ou pour affirmer son autonomie politique dans une coalition.

Le JSF est un élément du « système des systèmes » militaire que les Etats-Unis ont le projet de créer (3.000 avions pour le marché américain et autant prévus à l’exportation !) C’est le seul projet d’avion tactique américain prévu «pour le siècle à venir». La finalité, avouée, est de verrouiller l’industrie aéronautique militaire européenne, d’affaiblir d’autant ses divisions civiles (Airbus, EADS, Ariane) et de boucler un système dont la clef opérationnelle sera à Washington.

Michèle ALLIOT-MARIE, Ministre de la Défense, Le Monde, 14 juin 2003.

Majeurs de la même génération que le JSF, l’Eurofighter et le Rafale, dont l’évaluation par l’armée de l’air néerlandaise, qui ne peut être suspectée de complaisance vis-à-vis des Français, s’est traduite par l’attribution d’une note de 6,95 sur 8,5 pour le Rafale contre 5, 83 pour l’EF-2000 et 6, 97 pour le JSF.

Au-delà, un projet de futur avion de combat européen, sans financement pour cause d’investissements européens massifs dans l’industrie américaine;

– le niveau d’autonomie atteint par certains groupes industriels européens de l’armement (privatisations) fait que le scénario JSF est le symptôme visible d’un phénomène qui conduit les chefs d’entreprises à s’engager massivement sur le marché américain, là où sont les commandes. La renégociation des «golden shares» du gouvernement britannique dans British Aerospace Systems et les tensions visibles qui accompagnent le basculement progressif de cette entreprise vers les Etats-Unis, illustrent bien ce qui menace quelques fleurons de ce type d’industrie stratégique européenne : devenir des entreprises étrangères.

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