Rhumatologue de formation, le docteur Jean-Gérard Bloch s’intéresse depuis quinze ans à la méditation et aux travaux du biologiste moléculaire américain Jon Kabat-Zinn. C’est lui qui, depuis près de trente ans, a laïcisé la méditation bouddhiste en formalisant l’approche de méditation en pleine conscience dite MBSRr sur un format de huit semaines. À la faculté de médecine de Strasbourg, il introduit un programme il y a maintenant cinq ans pour des patients présentant, par exemple, des douleurs chroniques.
Avec son collègue psychiatre le professeur-Gilles Bertschy, ils ont créé une formation pour des intervenants du monde de la santé. L’objectif était de proposer une approche scientifiquement validée des liens unissant corps et esprit en médecine. Avec le soutien du doyen de l’université de Strasbourg, ce diplôme universitaire (DU) a pu voir le jour en février de cette année. Une première en Europe.
Il s’agit de proposer la découverte, ou l’approfondissement des connaissances, de ces liens corps-esprit par le biais d’un enseignement à la fois théorique et pratique. Aux participants ensuite d’intégrer la méditation dans leur approche de soignant ou bien de lancer des travaux de recherche.
Les personnes ayant suivi ce cursus sont des médecins exerçant en ville ou à l’hôpital, des généralistes, des spécialistes, rhumatologues, cancérologues, psychiatres, psychologues. Parmi eux, une petite majorité d’adeptes de la méditation ou pratiquant déjà le yoga ou la relaxation, mais aussi des novices. En pratique, comment tout cela s’es t-il déroulé ?
Le diplôme universitaire s’est étalé sur six semaines avec deux sessions de cinq jours, séparées par quatre semaines. Elles se sont déroulées en immersion totale, studieuse et méditative, au mont Sainte-Odile, sans lien avec l’extérieur.
Les cours théoriques ont été dispensés par des philosophes, neuro-scientifiques ou psychologues, mais nous avons voulu que les participants puissent aussi vivre une expérience personnelle de la méditation en pleine conscience avec des exercices quotidiens. Entre les deux sessions, chacun est retourné à son domicile, sans oublier ses lectures, son travail personnel et toujours sa pratique quotidienne et régulière de la méditation. La formation a ensuite été validée par un examen écrit
L’existence de ce DU révèle que la médecine change et s’ouvre et cette pratique a changé la vision de la médecine et des patients.