Enfouir les déchets végétaux en mer : une solution climatique ?

Pour répondre au défi du changement climatique, certaines entreprises optent pour une méthode innovante : l’enfouissement de déchets végétaux en mer. Cette technique vise à piéger le carbone contenu dans les résidus ligneux provenant de l’exploitation forestière ou agricole au fond des océans, où il pourrait demeurer séquestré pendant des siècles.

Dror Angel, écologiste marin à l’Université de Haïfa, a eu vent de l’existence d’épaves anciennes parfaitement conservées au fond de la mer Noire grâce à un environnement pauvre en oxygène. Cette conservation remarquable a inspiré Angel à envisager une méthode similaire pour lutter contre le réchauffement climatique : l’immersion délibérée de déchets de bois au fond de la mer. Ce processus vise à maintenir le carbone stocké par les arbres lors de leur croissance, isolé des processus naturels de décomposition, pour une durée pouvant s’étendre sur plusieurs siècles.

Des sacs en toile remplis de résidus sont plongés dans la mer depuis un bateau
Des sacs remplis de résidus sont plongés dans la mer depuis un bateau

Cette approche présente des avantages par rapport à d’autres méthodes de capture de carbone en mer, telles que la culture et l’enfouissement massif d’algues ou de phytoplancton. En effet, elle évite de potentielles perturbations écologiques causées par le prélèvement massif de nutriments dans les eaux avoisinantes. De plus, elle tire parti de l’infrastructure déjà existante dans l’agriculture et la foresterie pour produire, traiter et transporter les déchets végétaux, contrairement aux méthodes impliquant l’aquaculture qui n’ont pas encore été testées à grande échelle.

Cependant, bien que prometteuse, cette méthode comporte des limitations. Elle dépend de la disponibilité de déchets végétaux à proximité de zones maritimes adaptées, limitant ainsi sa portée en termes de capacité de stockage de carbone. Pour atteindre l’objectif de maintenir le réchauffement en dessous de 2°C, la capture et le stockage annuels d’environ 10 milliards de tonnes de dioxyde de carbone sont nécessaires d’ici le milieu du siècle, selon l’Agence internationale de l’énergie. Cette méthode ne pourrait donc répondre qu’en partie à cette exigence.

Malgré ces limites, elle suscite un intérêt croissant chez les investisseurs cherchant à vendre des crédits pour le carbone retiré de l’atmosphère. Plusieurs entreprises, telles que Rewind, prévoient de tester cette méthode en mer Méditerranée et mer Noire. Bien que prometteuse, cette technique doit être évaluée minutieusement pour comprendre pleinement son impact et ses implications, notamment en ce qui concerne les sols, les nutriments et d’autres alternatives pour la biomasse.

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